À Courbevoie, près de Paris, un groupe de locataires dont les appartements doivent être détruits pour construire les plus hauts gratte-ciels d'Europe, refuse de partir après avoir lutté pendant des années pour sauver leurs maisons.
Les tours de l'Ermitage, deux bâtiments de 320 mètres proposés par un promoteur immobilier russe, devraient être achevées d'ici 2024 dans le quartier des affaires de La Défense pour coïncider avec l'accueil des Jeux olympiques par la ville. Conçues par l'architecte britannique Norman Foster, les tours auront quatre mètres de moins que la tour Eiffel (324 m de la base à la pointe) sur un emplacement actuellement occupé par un immeuble de logements sociaux construit en 1974.
Selon le propriétaire, douze des 250 appartements du bloc Damiers sont toujours occupés, ce qui retarde la construction d’une bataille contre le développeur et son projet de 2,8 milliards d’euros. La lutte autour des tours de l'Ermitage se déroule dans un contexte de développement des espaces de bureaux et des sites résidentiels de la zone de défense, centre de l'industrie financière française.
La France a hâte d'attirer des emplois bancaires de Londres après le départ de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. Un groupe de lobbying français prévoit que 3 500 postes financiers et bancaires pourraient traverser la Manche vers la capitale française. La zone de défense située à l’ouest de la capitale est la principale zone de grande hauteur de la capitale française qui impose des restrictions strictes sur les immeubles de grande hauteur et une pénurie chronique d’espaces dans son centre historique. Les futurs projets dans le quartier des affaires incluent "The Link", un nouveau siège social de 244 mètres de haut pour le géant français du pétrole, ainsi que la tour Saint-Gobain de 165 mètres de haut pour abriter l’entreprise de construction française éponyme.
D'autres projets de construction, dont six immeubles de grande hauteur dans le 12ème arrondissement de la capitale, ont été annoncés pour accueillir la population croissante de la région parisienne qui devrait atteindre 13,5 millions d'ici 2050, selon l'institut national français des statistiques INSEE.
Les locataires sur le site des futures tours de l'Ermitage se battent depuis 2007 contre le propriétaire actuel du lotissement social, Logis Transports, mais ils subissent aujourd'hui une pression croissante. Quatre familles ont dû quitter leur domicile immédiatement et sans autre logement lorsque la police et les huissiers sont venus frapper à leur porte le 1er août à 6h30 du matin. "Ils nous ont traités comme des criminels", explique un locataire expulsé. Ayant refusé des offres d'hébergement alternatif, elle a déclaré avoir été forcée de quitter sa maison immédiatement avec son fils de 19 ans après s'être battue pendant dix ans pour la sauver.
Mais la responsable de Logis Transports, a défendu les actions de la société, affirmant que "les locataires se sont vus proposer de nombreuses solutions". Elle a expliqué que la vente des appartements Damiers permettra "le financement de 1 000 résidences de logements sociaux, dont 500 dans la région".
Le développeur espère pouvoir bientôt fixer une date de début de la construction. "Nous visons toujours à livrer le projet d'ici le début de 2024", a-t-il déclaré dans un communiqué récent. Les tours de l'Ermitage seront installées au bord de la Seine à côté de quatre nouveaux bâtiments plus petits.